• Même ceux qui aspirent à servir des intérêts plus grands et qui se sont établis dans des régions lointaines ont un seul lieu de naissance

    - Nelson Mandela

    Mi-Mandat. 48 jours en terre sénégalaise. 45 jours restant. Le temps passe très vite et très lentement à la fois. J'ai l'impression d'avoir vécu 30 vies en 48 jours, et d'un autre côté, mon rapatriement au pays me semble encore bien bien loin. Mais bon, j'ai beaucoup de choses à faire d'ici là, beaucoup de choses à voir et énormément de nourriture à goûter donc ça devrait passer vite! Je pense que la moitié d'un séjour est l'une des parties les plus difficiles parce qu'il reste autant de temps devant que derrière. J'ai le mal du pays, de mon amoureux, de mes parents, de mes amis dernièrement. Je m'ennuie de ma routine, aussi bizarre que cela puisse paraître. Bien que j'aie rencontré des personnes exceptionnelles ici et que je sais que j'ai tissé des amitiées serrées et uniques, d'être avec des gens qui me connaissent comme le fond de leur poche me manque. Ça rassure ma maman qui avait bien peur que je ne veuille plus revenir, mais ça m'empêche d'apprécier pleinement les minutes qui passent. Je sais que ça va passer et que bientôt, j'aurai tellement de choses à faire au travail que j'aurai de la difficulté à garder le rythme, et qu'en plus, j'aurai bientôt à faire le tour du pays pour présenter le plan stratégique, ce qui devrait être éblouissant et TRÈS TRÈS CHAUD, hahaha, mais pour le moment, je suis un peu nostalgique. Mais bon, rien qui m'empêche de fontionner ou de vivre intensément l'aventure exceptionnelle qui m'arrive.

    La semaine dernière, nous avons terminé le 2e bloc d'ateliers de planification stratégique que j'animais afin d'élaborer de façon participative le plan de 2012-2016. En plus des même personnes qui avaient participé aux ateliers du 1er bloc, il y avait les 4 présidentes des Maisons VAF. C'est donc avec un comité national que nous avons établit les points les plus importants du plan stratégique soit l'objectif général, spécifique et les points stratégiques. Nous avons également fait l'analyse des parties prenantes.

    Les activités se sont bien passées et nous sommes arrivés aux résultats suivants:

    Objectif Général: d'ici 2016, les inégalités entre les femmes et les hommes seront réduites de 25%

    Objectif Spécifique: d'ici 2016, 12% des femmes et des jeunes filles sénégalaises sont autonomes économiquement et socialement par la valorisation et la crédibilisation de leurs activités. Un total de 795 600 femmes et jeunes filles sont valorisées.

    Axes stratégiques d'intervention: 

    1- Professionnalisation et certification des compétences

    2- Plaidoyer et Animation sur l'Égalité Femmes-Hommes

    3- Commercialisation des produits CNVAF

    4- Recherche de financement et amélioration de la visibilité

    Nous avons également établit les activités en lien avec ces axes d'intervention stratégique. Il ne reste qu'à élaborer le cadre logique ainsi qu'un système de suivi et d'évaluation du plan stratégique et ce dernier sera complété!

    Après le dernier atelier samedi dernier, la présidente de la CNVAF, Mme Yacine Diagne, a tenu à ce que chaque personne présente face un commentaire sur leur appréciation des ateliers et de ma performance comme animatrice. Ce fût bien touchant d'entendre les bons commentaires de tous les participants sur ma performance en tant qu'animatrice d'atelier et leur foi en leur compréhension du plan stratégique et que ce dernier allait permettre à la CNVAF de redevenir une organisation forte et précurseure de changements sociaux. Bien qu'il reste encore beaucoup de pain sur la planche avant de rendre le document final du plan stratégique, c'est très motivant d'entendre de si bons commentaires. Je suis vraiment heureuse et le fait de travailler avec des personnes aussi inspirantes et dévouées envers leur cause (je tiens à préciser que la dernière journée d'ateliers a eu lieu le premier jour du ramadan tout de même) me pousse à me dépasser et à croire que tout est possible!

    Parlant du ramadan, c'est vraiment fascinant de constater à quel point la ville change durant le carème. De bouillonante d'activités, pleine de bruits et d'odeurs diverse, Dakar est devenue très tranquille pendant le jour, et surtout pendant la rupture du ramadan, quand tout le monde rentre manger. Les gens jeûnent de 5am à 19h, et tentent de vaquer à leurs occupations régulières sans interruption particulière. Moi, qui au bout de 2h sans manger meurt littéralement de faim, j'admire particulièrement les hommes qui travaillent en construction, au soleil, sans manger ni BOIRE de la journée.... Impressionnant tout de même! Et tous les autres qui travaillent sans arrêt alors qu'ils ont le ventre vide démontrent une force d'esprit et physique tout à fait unique. Et ce, pendant 1 mois!!!!!! Je suis sans mots devant leur volonté. Je peux vous assurer cependant que vers 18h, au supermarché, c'est BONDÉ de monde! Je décide donc d'y aller plus tôt maintenant! hahaha!!

    Enfin, je continue mes aventures le week-end. D'ailleurs, dimanche dernier, je suis allée au Village des Tortues et au Lac Rose avec mon amie Anne et son groupe de Séminaristes, dont je vous ai déjà parlé il me semble. J'ai donc eu la chance de voyager gratuitement dans leur bus et de sauver un joli montant de 50$ qu'aurait normalement coûté le taxi pour se rendre. Merci Anne! Le Lac Rose est rose à cause des micro-organismes qui tentent de lutter pour survivre au sel dans l'eau. Le Lac Rose contient 380 grammes de sel par litre d'eau, ce qui est une énorme quantité de sel si on la compare à la mer qui en contient environs 30 à 40 grammes par litre. Bref, on flotte sur le Lac Rose comme sur la mer morte! L'eau est plus rose par temps venteux et ensoleillé, et quand nous sommes allés, il faisait soleil mais ventait peu. Le Lac était tout de même rose et ce fût fort agréable de le visiter. Le sel est exploité dans le Lac depuis les années 1970. Les hommes grattent le fond du lac et remplissent des pirogues de sel, et les femmes récupèrent le sel, le font sécher et le nettoient sur les berges. Ce sel est vendu à l'international surtout pour déglacer nos rues en hiver! Tous ceux qui travaillent dans le sel se couvrent le corps de beurre de Karité, parce que une si grande quantité de sel dans l'eau est nocive. Dans les faits, il ne faut pas rester plus de 10 minutes dans l'eau sinon, la peau brûle après!

    Bref, malgré mon léger mal du pays présentement, je vis toujours des aventures fabuleuses dans un pays magnifique, avec des amis super cools!

    Mon wolof est toujours au même stade, ce qui veut dire presque nul, mais je réussis à saluer les gens en wolof, ce qui est l'essentiel. Donc je vais tenter, avec l'aide de mon cher ami google, tout de même, de vous souhaiter bonne journée!

    Mangui Dem! Ba bennen Inch'Allah!

    Traduction simultanée: Au revoir! À bientôt, si Dieu le veut!! hihi! On aura compris que le Sénégal est un pays très religieux!! ;)


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  • Taux d'alphabétisation au Sénégal: 51% des hommes et 29% des femmes savent lire et écrire.

    Des chiffres qui font frémir. Pourquoi tout d'un coup je met des statistiques  comme titre d'un article? Parce que j'ai assisté à une classe d'alphabétisation vendredi après-midi. La plupart des Maisons de Valorisation des Activités des Femmes (MVAF) donnent toutes sortes de formations: couture, teinture, transformation alimentaire, alphabétisation, etc. Yaye MBaye, la Présidente de la MVAF de Dakar, qui se trouve en fait à Yeumbeul, en banlieue, est professeur d'alphabétisation. Elle est donc en charge d'apprendre à écrire, lire et compter à une trentaine de femmes qui sont toutes membres des association ou groupes faisant partie de la CNVAF. Lors de mon passage dans sa classe, les femmes apprenaient les additions. Sur leur ardoise, elles devaient calculer 11+10 = 21, 12+10= 22, 13+10=23, etc. C'était super émouvant de les voir montrer fièrement leur résultats. Ça donne un coup de voir ces femmes fortes, souvent à la tête de leur ménage, ne sachant pas lire ou écrire. 

     

    La télévision Nationale (Radio-Télévision Sénégal) est venue faire un documentaire sur la classe d'alpha. Ils sont restés longtemps à prendre des prises de vue des femmes en train de compter. Ils ont aussi interviewé Yaye MBaye, qui a tenu un discours très engagé en wolof. Je n'ai rien compris sur le coup (c'est moi qui a besoin d'alphabétisation là!!), mais Maguette m'a résumé ce qu'elle a dit. Elle expliquait l'importance d'investir dans l'alphabétisation des femmes, parce que de plus en plus, elles sont à la tête de leur ménage. Leur mari est à la retraite, et ce sont elles qui travaillent, s'occupent des enfants, du ménage et de la cuisine. C'est aberrant de savoir que ces femmes de tête, qui sont fortes et qui sont le pilier de la famille au Sénégal, ne sont pas capable de lire leur certificat de mariage. Elle a ajouté que depuis qu'elle donne des cours d'alphabétisation, elle observe une grande amélioration dans l'accès à l'information des femmes, dans leur prise de décision et dans l'impact qu'elles ont dans la société. 

    De voir que petit à petit, femme par femme, on réussi à améliorer les conditions de vie et de plaidoyer des femmes est très inspirant. J'ai tellement aimé mon expérience que je retourne demain à Yeumbeul, assister cette fois à une formation en teinture. Les femmes sont tellement heureuses et gentilles, j'entends déjà leurs chansons et j'imagine déjà leurs danses à la fin de la journée. Comment ne pas avoir envie d'aller travailler après ça? Quand tu vois des femmes changer leur destinée de cette manière, on ne peut faire autrement que d'avoir envie de chanter.


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  • Kinding Kandang Teuss!!!

    Ouff, par où commencer?? Tant de choses sont arrivées dans ma vie sénégalaise, je me demande parfois si je ne vis pas deux vies!

    D'abord, je vais vous parler brièvement du Siné Saloum, où j'ai passé le week-end avec mes chères voisines Élizabeth, Maude et Lyne. Nous sommes parties avec Yerim, un jeune sénégalais qui gagne sa vie à être guide de son merveilleux pays! Et quel guide il est! Il est venu nous chercher directement à la maison avec son cousin Pape, qui conduisait le 7 places. Nous avons roulé directement pendant 4 heures dans une voiture une peu cabossée haha jusqu'à un petit gîte touristique fabuleux, directement sur le bord de la mer. On entendait les vagues de notre case. Merveilleux! Dès Samedi, nous sommes partis en pyrogue sur le Fleuve Gambie, où nous avons vogué pendant de nombreuses heures, à voir les paysages défiler, les femmes recueillir les huitres, les hommes pêcher et les villages passer. Nous avons mangé du poisson grillé sur la plage, et en revenant, nous avons été observer des hyènes dans la brousse. Le seul moyen de s'y rendre est à 6 sur une calèche, mais les calèches sénégalaises ne sont définitivement pas celles que l'on trouve dans le Vieux-Québec, surtout quand le cheval prend peur et part au galop! hahahah! Quelle expérience, c'est comme d'être à la Ronde, mais pas attachés!! Toujours est-il que nous avons survécu et qu'après souper, notre cher Yérim nous a amenés dans un party Sérère, l'une des ethnies au Sénégal. Nous sommes entrées dans le mini centre communautaire de ce village au milieu de la brousse, et il serait dans les faits impossible d'expliquer la beauté et surtout l'intensité de la danse Sérère. Maude et moi avons bien tenté de danser avec eux, mais disons que la danse ne coule pas aussi facilement dans le sang toubab que dans le sang africain! C'était tellement beau, je me suis sentie tellement privilégiée de vivre un moment pareil que je me suis demandé si je le vivais vraiment... et si ce n'était pas un rêve.

    Après la danse Sérère, nous avons commencé la journée un peu plus tard dimanche. Nous sommes allées voir le plus grand baobab du Sénégal. C'est un arbre très haut, très vieux (850 ans) et qui fait 32 mètres de circonférence! Nous sommes même rentrées 6 personnes à l'intérieur... où nous avons trouvé des centaines de chauve-souris! Pendant des années, on suspendait les troubadours sénégalais, les griots, dans les baobabs lorsqu'ils mourraient, car on disait que d'enterrer un griot dans la terre portait malheur... C'est dire la grosseur de ces arbres! Après la visite du baobab et la négociation sérrée avec les vendeurs de sculpture à l'extérieur (de nombreux cadeaux achetés là, en passant!! Hihi!), nous sommes partis en direction de Joal-Fadiout, une Île faite en... coquillages! La particularité de Fadiout, outre le fait d'être en coquillages, c'est que sa population est à 95% chrétienne, ce qui est normalement tout le contraire du reste du Sénégal, où la population est à 95% musulmane. Les chrétiens et les musulmans vivent en paix et en collaboration au Sénégal, et en particulier à Fadiout où il y a un cimetière mixte musulman et chrétien et où les musulmans ont aidé les chrétiens à construire leur église.

    Vraiment, le Siné Saloum et les villes/villages environnants sont merveilleux. Je pense que c'est l'un des meilleurs week-end de ma vie! En plus, Yerim Diallo est le meilleur guide du pays! Quand vous viendrez au Sénégal, faites affaires avec lui! Voici son site web: www.yerimguide.skyrock.com et sa page Facebook: https://www.facebook.com/media/set/?set=a.10151064652786189.485881.512961188&type=3#!/yerim.guide C'est ce cher Yerim qui nous a montré le "Tchin Tchin" Sénégalais, le fameux Kinding Kandang teuss!!

    Retour à Dakar pour le début de mes ateliers de planification stratégique. Ayayaye, un peu de stress ici avant de commencer! haha! Lundi, nous avons fait l'évaluation de l'ancien plan stratégique de CNVAF. Le rendez-vous est à 9h30... et la plupart des participants sont arrivées entre 10h30 et 11h30! Nous avons réussi à évaluer tout le plan, mais je me suis rendue compte que dans les faits, ils n'avaient jamais utilisé le plan stratégique! Ils ont réussi à atteindre certains résultats parce que le plan a été élaboré de façon participative, mais qu'une fois élaboré, il avait été rangé dans un tiroir et ressorti uniquement pour en faire l'évaluation avec moi.... 5 ans plus tard! Je les ai un peu chicanés en disant que si le plan qu'on élaborerait ensemble allait vivre le même sort, que j'étais aussi bien de rentrer chez moi tout de suite! Mais l'évaluation a porté fruit et nous avons un beau document de 6 pages analysant l'ancien plan... et surtout, tirant des leçons de ce dernier.

    Mardi nous avons eu une journée de congé parce que la CNVAF devait trouver des fonds afin de pouvoir faire les ateliers de mercredi, jeudi et vendredi. J'en ai profité pour finir la rédaction de l'évaluation, et aussi pour faire mon premier rapport mensuel de stage! Je n'en reviens pas que ça fait un mois que je suis à Dakar. D'un côté, ça passe très vite, et d'un autre, moins, parce que je me rends compte qu'il me reste 2 mois avant de retrouver les miens! Mais bon, avec le travail à abattre d'ici là, je n'aurai pas le temps de m'ennuyer.

    Nous avons donc commencé les ateliers mercredi. Nous avons travaillé à l'élaboration de l'arbre à problèmes et à l'analyse FFOM. Le travail se fait plus lentement ici qu'il se ferait en Occident, mais malgré tout, nous avons bien avancé et surtout, fait le tout de façon très participative. Jeudi, (aujourd'hui), nous avons travaillé sur l'élaboration des problèmes critique et nous avons fait l'énoncé de la vision de CNVAF. La voici:

    La CNVAF s’efforce de contribuer à une société où il n’y a pas d’inégalités sociales entre les femmes et les hommes, où l’automatisation liante dans le genre est une réalité du développement, où il y a l’éducation pour tous, et dans laquelle on lutte contre la pauvreté par la professionnalisation des populations et la valorisation des activités des femmes.

    Je suis très fière de mon équipe mais aussi de moi, parce que je trouve que je me débrouille très bien malgré le fait que je n'ai pas vraiment d'expérience en planification stratégique. Mon superviseur de stage est très content de moi, et l'équipe avec qui je travaille est vraiment géniale. Je rappelle qu'ils sont tous bénévoles et qu'ils arrêtent toutes autres activités pour venir travailler avec moi au plan stratégique. En plus, certaines des personnes voyagent pendant plusieurs heures pour venir, et plusieurs heures pour retourner chez elles, le transport en commun ici n'étant pas des plus fiables. Ils m'impressionnent par leur rigueur au travail, leur passion pour leur cause, et leur espoir de contribuer à une société meilleure.

    En passant, pour ceux que ça intéresse, voici la toute nouvelle page Facebook de CNVAF!

    https://www.facebook.com/CNVAF

    Bref, c'est un cadre de travail parfois fatiguant de par le fait que les choses se font plus lentement ici, et qu'il faut toujours prévoir des journées pour compenser le retard pris les journées précédentes, mais les gens avec qui je travaille sont tellement inspirants que la longueur des journées ne compte pas, finalement. En plus, mes collègues me donnent des petits cours de wolof quand on attend les retardataires... je me débrouille de mieux en mieux!

    Voici ce qui est ressorti du cours d'aujourd'hui:

    No tu du? / Comment tu t’appelles?

    Maangi to do Léa / Je m’appelle Léa

    Yaw ndak? / Et toi?

    Kaay Leek (Lèk) / Viens manger

    Naa rees ak jaam / Bonne digestion dans la paix

    Lee gi-lee gi / à tout de suite

    Ndank-ndank  / doucement

    Waxal bubor / parle plus fort

     

    Pour le moment, je vous dit Gnou fanam diam! (Bonne nuit!)


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  • Mieux vaut marcher sans savoir où aller que rester assis à ne rien faire.

    - Proverbe touareg.

    Ah, comme il s'en passe des choses dans ma vie africaine! Oui, je dis vie africaine, parce que je sais que lorsque je reviendrai à la maison, j'aurai l'impression d'avoir vécu ici une vie parralèle. Ça me fait toujours ça lorsque je reviens de loin.

    J'ai choisi cette citation touareg comme titre parce que ça me fait un peu penser à moi dans mon contexte de travail. Je pensais que je venais à Dakar comme STAGIAIRE, mais dès mon déjeuner d'accueil, on m'a dit que selon l'expérience du CECI, les stagiaires Canadiens étaient d'un niveau assez élevé, et que, au Sénégal, ils étaient considérés comme des coopérants volontaires. GULP! Haha! C'est donc comme coopérante que je suis conseillère en planification stratégique pour CNVAF. Je suis bien entendu encadrée, mais il reste que je planifie toute seule tous les ateliers du plan stratégique. Ah oui, et j'ai oublié de vous mentionner que je n'avais JAMAIS fait de plan stratégique de ma vie! (Mais bon, mon partenaire ne sais pas ça haha). Disons que je n'ai pas eu le choix de prendre le taureau par les cornes. Heureusement, je suis très débrouillarde, et un peu "control freak", ce qui fait en sorte que je planifie beaucoup et que j'essaie le plus possible d'avoir une vision claire de ce que je veux faire. Mon partenaire apprécie beaucoup mon travail, ce qui me rassure énormément. J'imagine que ça ne paraît pas que je n'ai jamais fait ça de ma vie, et c'est tant mieux! Cette expérience est pour moi très formatrice, et ma devise  présentement est "Mieux vaut marcher sans savoir ou aller que rester assis à ne rien faire", parce qu'au moins, on avance toujours!

    Dès la semaine prochaine, j'anime des ateliers pour commencer le plan stratégique de CNVAF. J'ai séparé le travail en 3 blocs d'ateliers. La semaine prochaine, j'animerai donc un atelier de 3 jours impliquant une dizaine de personnes, et la semaine suivante, il y aura une vingtaine de personnes impliquées! Je dois donc tout prévoir à la seconde près. C'est parfois difficile, parce que certaines de mes activités dépendent de documents que je n'ai toujours pas reçus. Par exemple, une partie de mon mandat est de faire l'évaluation participative de l'ancien plan stratégique de CNVAF, afin d'en tirer des leçons et de se baser là dessus pour l'élaboration du nouveau plan. Le truc, c'est qu'il n'existe pas de copie informatique de l'ancien plan, les ordinateurs qui le contenaient ayant rendu l'âme. Mon homologue cherche donc la copie papier du plan depuis plusieurs jours. Il devra me la remettre demain, et nous devrons essayer de le distribuer à tous afin d'en faire l'évaluation le plus tôt possible. Bref, mes ateliers de la semaine prochaine dépendent du moment où l'évaluation de l'ancien plan sera faite. Par moments, je deviens un peu stressée à la pensée que nous n'aurons pas le temps de l'évaluer avant le début des activités, mais dans ces moments, je prend une grande respiration, et je me dis que c'est la vie! Nous le ferons quand nous l'aurons! :) Quand je dis que cette expérience est très formatrice pour moi, c'est vraiment bien que j'apprenne un peu à lâcher prise... ça me fait du bien! Somme toute, le travail est fort agréable et l'équipe de coordination de CNVAF avec qui je travaille le plus souvent est fort dévouée et intéressante.

    Pour le reste, j'ai vécu dans les derniers jours des expériences culturelles fort uniques! Je suis allée assister à un match de LUTTE! C'est vraiment quelque chose! Il y a 5 combats de suite, et pendant les combat il y a de l'animation à n'en plus finir dans le stade! Des danseurs, de la pyrotechnie, de la musique, des chanteurs, les grandes stars de la lutte qui se préparent, des marabouts qui préparents des potions, des poulets échangés pour les sacrifier, le promoteur qui fait hurler la foule, la foule en délire, des vendeurs de toutes sortes de choses, c'est 5h de stimulation la plus totale! Épuisant mais fort intéressant. En plus, j'avais la chance d'être assise juste devant où Tapha Tine, la star de lutte sénégalaise se préparait. Pendant 5h, je l'ai vu s'asperger de potions préparées live par son marabout, je l'ai vu faire sa danse pré combat, et j'ai constaté que son "entourage" est vraiment grand! Le nombre de personnes qui tournaient autour de lui est vraiment incroyable! Je pense qu'ils étaient facilement une vingtaine, dont 15 qui participent presque uniquement à sa danse pré combat!! Vraiment, un match de lutte, c'est "somthing else"! Je suis très contente de l'avoir vécu une fois, mais je pense que la prochaine fois, je vais me contenter de le regarder à la télé! Surtout qu'il y a eu une coupure de courant dans le stade durant le combat entre Tapha Tine et Bombardier! Pas ce qu'il y a de plus sécuritaire, mais j'étais avec des amis de la comptable du CECI, ils ont donc fait très attention à moi!

    Hier, je suis allée à l'Ile de N'gor, afin d'aider mes amis Anne et Babacar. Ces derniers coordonnent le Séminaire International, qui jumelle 12 étudiants canadiens avec 12 étudiants sénégalais pour un travail de recherche de 6 semaines sur des thèmes liés au développement international. Hier, ils faisaient une chasse au trésor à l'Ile de N'gor, et ils avaient besoin de moi pour donner des indices! J'en ai profité pour visiter un peu l'île, qui est magnifique! Il y a de nombreux artisans qui vendent toutes sortes d'objets d'art. Je vais devoir revenir, prête à négocier toute la journée afin de me procurer masques, bijoux et tissus!

    Si vous voulez suivre les aventures des séminaristes, allez "aimer" la page Facebook du Séminaire International! https://www.facebook.com/SeminaireInternationalEumc2012

    Vraiment, j'ai vécu une semaine haute en couleurs et en évènements. J'ai hâte de commencer à faire mes ateliers la semaine prochaine. Tout va vite, ça va bientôt faire 1 mois que je suis à Dakar! Je devrai déjà commencer à penser à mon rapport de mi-mandat. Ayoyoye!

    Le week-end prochain, je vais dans le Siné Saloum avec mes voisines. On va voir le plus grand Baobab de la région, voir la région du Siné Saloum, qui a la réputation d'être magnifique, et visiter l'Île aux coquillages. Belle fin de semaine en perspective!

    Jërëjëf, (prononcé Dieré Dief, ce qui veut dire merci) de me lire!! 


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    Les occidentaux ont l'heure, les africains ont le temps. 

    Cette affirmation porte à réflexion. En effet, il faut s'habituer au rythme des africains. Bien souvent, les activités ou les évènements prévus commencent très en retard, ou sont annulées. Côté professionnel, il est vraiment intéressant d'essayer de faire les choses au rythme sénégalais...

    Je suis quelqu'un qui fait tout rapidement. Très rapidement, même. Aussi bien dire que je suis encore en train de m'adapter au rythme sénégalais! Surtout question travail. Je m'explique. 

    CNVAF (Convergence Nationale pour la valorisation des activités des femmes) est une organisation composée d'une structure assez complexe. D'abord, il y a le conseil d'administration, qui compte une quinzaine de membres. Les membres sont tous des représentants des différentes organisations partenaires de CNVAF, ou bien des membres de l'équipe de coordination des Maisons VAF.

    Ensuite, il y a l'équipe de coordination de CNVAF, qui compte 4 membres, que j'ai présentés précédemment. 

    Enfin, il y a les équipes de coordination de chacune des maisons VAF en région.

    Bref, il y a beaucoup de monde. Et CNVAF tient à ce que le plan stratégique que je vais élaborer avec eux se fasse de façon participative, ce qui est absolument louable. Ce qui est difficile dans cet objectif, c'est que nous n'avons pas tous la même notion du temps. Pour ma part, je n'ai que le plan stratégique à faire et c'est la raison même de mon séjour ici. Je suis donc constamment en train d'y réfléchir, et je pense beaucoup au fait que je n'ai que 3 mois (2 mois et demi maintenant) pour accomplir tout ce qu'il y a à faire. Les autres acteurs du plan stratégique, que ce soit le CA, l'équipe de coordination ou les MVAF, sont tous des bénévoles extrêmement dévoués envers leur cause. Cependant, comme ils sont bénévoles, ils ont autre chose à faire. Cela veut donc dire que j’attends beaucoup en ce moment.

    J'ai envoyé des questionnaires dans le but de préparer tout le monde au processus de planification stratégique. C'est un questionnaire avec une dizaine de questions, qui obligent à une réflexion globale sur l'organisation. Maguette et moi l'avons envoyé à une vingtaine de personnes il y a une semaine. J'en ai reçu 3 dûment remplis. Ce n'est pas parce que les gens ne sont pas intéressés ou ne sont pas motivés, mais bien parce qu'ils ont une notion du temps bien différente de la mienne, et potentiellement des priorités qui diffèrent. Mais j'apprends, sur moi et sur eux, et je dois avouer que ce que je découvre me plaît beaucoup.

    En attendant le retour des questionnaires, Maguette (le secrétaire-trésorier de CNVAF et l'homologue entre CNVAF et le CECI, donc mon superviseur de stage) et moi avons travaillé sur l'environnement externe de CNVAF. Après toute la lecture que j'ai faite la semaine passée, nous avons réussi à pondre un document de... 14 pages! Environnement légal, politique, économique, technologique, environnemental et social y sont passés. Tout à fait intéressant. J'attend la réponse de Maguette sur le document final avant de pouvoir le présenter aux autres participants du plan stratégique.

    Moi qui a tendance à être stressée et à être un peu "control freak", ici, j'apprend à relaxer, à lâcher prise quand il le faut et à reprendre les rennes au bon moment.

    Bref, le "temps" africain peut peut-être me frustrer avec mon "heure" et ma "montre" occidentale, mais elle m'apprend le zen. 

    J'ai aussi entendu au marché un vendeur dire que ce qui compte, ce n'est pas l'argent, mais bien l'art des gens. Ça aussi, ça porte à réflexion.... même si finalement, tout ce que le vendeur voulait c'est notre argent (et il l'a eu), il m'a tout de même poussée à la réflexion! Ah, ces africains! ;)


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