• Chronique sur le transport au Sénégal...

    Chronique sur le transport au Sénégal...

    Je ne sais pas si je vous ai déjà parlé du transport à Dakar? Je pourrais en effet écrire un livre qui s'intitulerais: Les aventures de Léa et les 75 000 taxis dakarois qui tombent en ruine! Hahaha! Dès que je sors de chez nous, je me fais klaxonner au moins 10 fois en marchant au travail par des chauffeurs de taxis. Certains vont même jusqu'à me klaxonner alors que je suis à l'autre bout de la rue et que je n'ai montré aucun signe de vouloir embarquer avec eux. On s'habitue rapidement à se faire appostropher en tous temps par les chauffeurs de taxis. Je m'amuse beaucoup à entendre les différents klaxons de leurs bolides. Les voitures sont rafistolées avec les moyens du bord, et parfois, on entend des klaxons très originaux!

    Lorsque je veux prendre un taxi, c'est donc très simple d'en trouver un. Il suffit que je sorte de la maison et que je m'avance un peu dans la rue pour qu'un d'entre eux s'arrête. C'est bien le seul avantage d'être blanc: les taxis te spottent de loin! Il faut ensuite négocier son prix pour le voyage. Au début, c'est intimidant, mais j'ai peu à peu pris grand plaisir à négocier. Plus souvent qu'autrement, malgré ma négociation, je sais que je paie plus cher qu'un sénégalais, mais je réussis tout de même à réduire de moitité au minimum le prix qu'ils me proposaient à la base. Pour vous donner une idée, afin de me rendre à l'autre bout de la ville, je paie 2000 FCFA (4$). C'est un voyage équivalent à se rendre de Beauport à Ste-Foy, mettons. Chez nous, ça coûte plus de 30$, et ici, je suis insultée quand le chauffeur me donne 3500 FCFA (7$) comme prix de base! Je lui dis: eh! C'est un prix de toubab (étranger) ça! Ça fait longtemps que j'habite à Dakar, je sais qu'on ne paie pas plus que 1500 FCFA pour le même trajet!!! Le chauffeur de taxi fini par rire et me dire d'embarquer à 2000 FCFA. Et je lui dis toujours: c'est bien parce que t'es gentil, mais je sais qu'un sénégalais aurait payé 1500! Hahaha!

    Je me dois ensuite de vous parler de l'état des voitures. On a toujours l'impression qu'elles ont fait la guerre. On peut rarement ouvrir la porte de l'intérieur, le chauffeur doit sortir pour nous l'ouvrir, on se trouve chanceux lorsqu'il y a une poignée pour ouvrir la fenêtre et je suis déjà embarquée dans un taxi dans lequel le chauffeur conduisait pratiquement couché à cause de l'état lamentable de son siège! Hahaha!! Heureusement, les voitures ne sont dans aucun état pour conduire rapidement. De plus, tous les compteurs de kilométrage ne fonctionnent pas, on a donc aucune idée d'à quelle vitesse ils roulent. Je sais par contre que ce n'est pas vite, parce que l'autre jour, j'étais dans une voiture où le compteur fonctionnait, et le chauffeur roulait à 90 km / h et je suis devenue vraiment stressée parce que c'est le plus vite que j'avais roulé jusqu'à présent sur une route sénégalaise! Je vais faire le saut en revenant chez nous! ;)

    Enfin, les taxis ne sont pas les seuls moyens de transport un peu douteux. J'ai eu la chance d'aller à l'autre bout du pays la semaine dernière. Voici le résumé de mes aventures dans le transport sénégalais!

    Transport de Dakar à Tambacounda:

    Tamba étant presqu’à la frontière du Mali, c’est un long voyage qui nous attendait. En effet, le trajet entre Dakar et Tambacounda comptabilise un total de 476 km. Bon, cela ne vous semble pas si pire, au Québec? Je suis bien d’accord. Chez nous, 476 km se font en environ 5h de route. Au Sénégal, c’est une autre histoire. Afin de traverser le pays d’ouest en est comme nous l’avons fait, il faut compter au moins 10h… Et que dire du moyen de transport qu’on a choisi, croyant que ce serait plus confortable? Nous avons eu la « bonne » idée de partir en 7-places. Un 7-places consiste grosso-modo en un station wagon (vous savez, les anciennes voitures des années 70-80 qui ont les côtés faites en bois). Bon, c’est un station wagon dans lequel on a ajouté un siège pour trois personnes dans le coffre… Vous vous imaginez? Bref, ça donne quelque chose comme 2 places en avant, comme d’habitude, puis trois places au centre, et trois places dans le coffre… plus un espace de coffre. En gros, ça veut dire zéro espace, et très peu de confort, surtout si tu es assis sur un des côtés dans le dernier banc. Pourquoi? Parce que ça veut dire que tu ne peux pas déplier ton corps au complet, puisque ta tête dépasse de beaucoup le toit. Tu es donc recroquevillé tout le long du trajet. Ça peut aller pour un court trajet d’une ou deux heures, voir trois… mais 10 heures? Vous voyez où je veux en venir... J’avais la « chance » d’avoir l’une de ces deux places au fond… Et en plus, je m’étais réveillée le matin avec un gros nœud entre les omoplates. Je vous assure qu’à notre arrivée à Tambacounda, je vivais le plus gros mal de dos que j’avais eu de toute mon existence. J’en avais même le souffle coupé. J’étais tellement fatiguée que je n’avais pas faim pour le souper… C’est pour dire! Mais bon, une bonne nuit de sommeil et pas mal d’advils plus tard, je me suis réveillée en meilleure forme, prête à accomplir les activités prévues à la Maison VAF de Tambacounda.

    Pour la deuxième partie du voyage, nous devions à la base nous rendre à Thiadiaye, où il y a une autre MVAF, afin de présenter le plan stratégique et de donner la formation sur le plan d’action annuel. Cependant, il y a eu un cas de force majeure au village de Thiadiaye : un décès. Les femmes n’ont donc pas pu nous recevoir. Nous avons dû changer notre itinéraire à la dernière minute pour finalement nous décider à nous rendre à Foundiougne, qui est dans la région du Sine Saloum. J’en étais très heureuse car j’ai déjà visité le Sine Saloum et c’est ma région préférée sur Sénégal. La seule contrainte de Foundiougne c’est que c’est une ville enclavée. Elle est située sur une île et il y a un bateau qui se rend seulement quelques fois par jour. De plus, comme nous partions de Tambacounda, qui je le rappelle est à l’extrême est du pays, il n’y avait pas de trajet direct. Nous avons donc pris un 7-places (cette fois, je n’étais pas assise au fond en arrière) jusqu’à Kaolack, trajet qui a duré un joyeux 5h pour 250 km! Nous avons ensuite pris un autre 7-places de Kaolack à Fatick, située à 50 km. De Fatick nous avons pris un car bondé pour nous rendre au « bac » le bateau qui nous traverse jusqu’à Foundiougne. Enfin arrivées à l’hôtel Baobab sur Terre, je me suis reposée sous mon moustiquaire en savourant l’air salin de la région. J'étais très fatiguée parce que nous avions quitté Tambacounda à 7h am, pour arriver à Foundiougne à 16h passées! Encore une journée de transport intéressante au Sénégal!! J’ai eu la chance de voir une famille de petits singes traverser la route devant nous. Peu importe l’inconfort des 7-places, la longueur du trajet ou l’état des routes, et les voitures qui donnent l’impression d’avoir vécu la guerre, pour de petits moments comme ça, où l’on peut observer la faune et la flore sénégalaise à l’état naturel, tout le reste vaut la peine d’être vécu!

    La dernière étape de mon périple "tranportaire" a été de revenir de Foundiougne à Dakar. Il y a un "car" qui se rend directement. Je vous invite à imaginer un autobus voyageur québécois. Rapetissez grandement l'espace entre vos genoux et le siège devant vous, et ajoutez des bancs amovibles dans les allées et vous avez un "car" sénégalais! C'est tout de même plus confortable qu'un 7-places, mais ce n'est pas comparable à nos bus voyageurs!

    Bref, de nombreux fou rire et souvenirs sont associés aux moyens de transports disons "originaux" du Sénégal. Malgré les maux de dos, l'impression que la voiture va tomber en ruine durant la trajet et les chauffeurs de taxis qui n'ont parfois aucune idée d'où ils vont, je pense que ça va me manquer. Les gens qui sont venus au Sénégal vont pouvoir vous le dire: il n'y a rien comme une bonne histoire de taxi!

     

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    J'ai commencé ce blog sur mes aventures sénégalais avec un article écrit 7 jours avant mon départ pour le Sénégal. Aujourd'hui, il me reste 8 jours avant mon départ pour le Québec. Je n'ai jamais vécu une aventure aussi intense. J'ai hâte de revenir chez nous, de retrouver les miens et de manger des repas comportant une dose acceptable de légumes frais. Mais le Sénégal m'a changée. J'apprécie beaucoup ma chance de vivre dans un pays qui me permet de me développer. J'apprécie ma famille et mes amis qui me permettent et m'encouragent à rêver tous mes rêves et à en réaliser plusieurs. J'apprécie de pouvoir voter afin de déloger un gouvernement qui me fait chier. J'apprécie de pouvoir aller à l'école aussi longtemps que je le veux, et de pouvoir étudier dans n'importe quel domaine. J'apprécie l'eau potable qui coule du robinet, et j'apprécie le fait de ne pas devoir laver mes légumes avec de l'eau de javel avant de les manger. J'apprécie qu'il pleuve de manière pas trop exagérée chez nous, et j'apprécie d'avoir une maison étanche et un bon système d'irrigation dans nos rues. J'apprécie le fait qu'on recycle et qu'on composte.

    J'aimerais qu'on gaspille moins d'argent. Qu'il y ait moins de corruption et plus d'investissements dans la santé, l'éducation et la culture. L'économie ne doit pas être une fin, mais bien un moyen d'accéder à une socitété meilleure (Merci Papa pour cette merveilleuse réflexion). Malgré que je suis témoin de la pauvreté ici, et que j'ai conscience de la chance qu'on a de vivre dans notre société québécoise, je n'ai pas perdu la faculté de m'indigner. Ce n'est pas parce que ça va mal au Sénégal qu'il n'y a rien à améliorer au Québec! Je suis devenue plus consciente de ce qui est important pour moi ici. J'ai toujours cru au développement. Je pense que le développement passe par la mise en valeur de notre culture, de l'éducation et de la santé. Soyons fiers de ce que nous pouvons faire. Arrêtons d'être apathiques et surtout, CROYONS AU CHANGEMENT!!! Inch'Allah!


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