• « Le Temps nous égare. Le Temps nous étreint. Le Temps nous est gare. Le Temps nous est train. » - Jacques Prévert

    1 mois. 1 mois que je suis de retour en terre natale. C'est incroyable comme le temps passe vite. Je me demande parfois si je suis bien allée en Afrique, ou si ce n'était qu'un fragment de mon imagination... Bref.

    C'est particulièrement intéressant d'analyser mon retour. On parle tellement de choc de retour, de choc culturel inverse. J'ai lu, entendu parlé, été formée sur le sujet, tellement que j'ai l'impression de le connaître par coeur. Je me disais: je suis prête, il ne sera certainement pas si pire mon retour. J'avais bien entendu peur de tout ce qu'on dit: tu vas avoir tellement changé que tu auras l'impression de ne pas être à ta place dans ta propre vie. Heureusement, rien d'aussi intense n'est arrivé, mais le retour n'a pas été facile non plus.

    Cet été, j'ai appris à vivre. Quoi? Vivre? Est-ce que c'est encore un truc de hippie que tu nous racontes là? Ben oui, vivre. Apprécier le moment présent, le silence, les détails. Décrocher quand on n'a pas le contrôle sur une situation. Prendre du temps pour moi, à faire quelque chose de simple comme de lire le journal en déjeûnant. Ça, c'est vivre. Depuis que j'ai 17 ans, je comble tous les moments de ma vie avec quelque chose d'extraordinaire à faire. Je ne pouvais pas manquer un show de théâtre, un livre, un souper ou une bière entre amis. Je carburais à être très occupée. Sauf que je ne prenais jamais le temps de vivre, justement. J'ai appris à le faire cet été, et maintenant que je suis revenue, je m'en veux presque d'avoir pris autant d'engagements avant de partir. Je ne cadre plus dans ce tourbillon intense de vie. J'ai hâte de n'avoir qu'une quantité "normale" d'activités. Heureusement, ce sont toutes des choses qui m'intéressent, mais ma capacité à gérer mon temps, et mon stress, a été altérée je pense, au fur et à mesure des cafés bus en lisant le journal cet été.

    Autrement, je suis très heureuse. J'ai retrouvé avec bonheur mon amoureux, ma famille et mes amis, et je suis très contente qu'ils soient là, patients et compréhensifs. J'ai un nouvel emploi fabuleux, et ma "boss" est une alumni du programme! J'ai aussi eu l'honneur d'être sélectionnée par le CECI pour participer au Forum International organisé par l'EUMC. Je vais participer à une plénière sur l'action citoyenne! Voici la description:

    Au sujet de la plénière : Gardons le cap – pour une citoyenneté mondiale au quotidien
    L’engagement civique est un continuum qui se poursuit tout au long d’une vie, de la famille à l’école, de la communauté au travail. L’action volontaire est universelle. Dans tous les pays, des individus et des entreprises citoyennes sont activement engagés dans le développement de leur société. Statistiques Canada rapporte qu’il y a eu 2.1 milliards d’heures de bénévolat en 2007. Cela représente une énorme source d’énergie, de talent et d’innovation pour la cohésion sociale et le progrès. Le volontariat et l’engagement civique ont lieu partout et de multiples façons.

    La session plénière vous fera découvrir une partie de cette diversité selon les perspectives d’un partenaire du Sud, un volontaire de retour et un partenaire Congé solidaire. Les conférenciers partageront leurs expériences de citoyens engagés. Ils aborderont les tendances et les enjeux du volontariat pour le développement, de l’engagement des jeunes et des entreprises citoyennes. La session se conclura par une discussion sur la valeur et l’impact du volontariat."

    La plénière fait partie intégrante du Forum qui a lieu à Ottawa du 1er au 3 novembre 2012. Pour plus d'infos ou pour vous inscrire: http://forum.wusc.ca/fr/

    En plus d'être une superbe opportunité, le Forum International a invité quelques sénégalais à participer à l'évènement, et je suis super contente parce que mon ami Babacar a été sélectionné! Nous allons donc nous retrouver avec bonheur et planifions de faire des choses typiquement sénébécoises.... Haha!

    C'est donc ainsi que se termine mon aventure sénégalaise. Je suis tellement fière d'avoir pu vivre ce genre d'expérience tellement enrichissante, à mon âge et avec le peu d'expérience que j'avais. Je me sens aussi choyée, et j'ai l'impression qu'une bonne étoile me surveillais, parce qu'on m'a dit qu'un mandat de planification stratégique en Afrique devrait normalement durer 1 an... et j'ai accompli le mien avec mes chers collègues de la CNVAF en... 2 mois. Alhamdoulila!


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  • Chronique sur le transport au Sénégal...

    Je ne sais pas si je vous ai déjà parlé du transport à Dakar? Je pourrais en effet écrire un livre qui s'intitulerais: Les aventures de Léa et les 75 000 taxis dakarois qui tombent en ruine! Hahaha! Dès que je sors de chez nous, je me fais klaxonner au moins 10 fois en marchant au travail par des chauffeurs de taxis. Certains vont même jusqu'à me klaxonner alors que je suis à l'autre bout de la rue et que je n'ai montré aucun signe de vouloir embarquer avec eux. On s'habitue rapidement à se faire appostropher en tous temps par les chauffeurs de taxis. Je m'amuse beaucoup à entendre les différents klaxons de leurs bolides. Les voitures sont rafistolées avec les moyens du bord, et parfois, on entend des klaxons très originaux!

    Lorsque je veux prendre un taxi, c'est donc très simple d'en trouver un. Il suffit que je sorte de la maison et que je m'avance un peu dans la rue pour qu'un d'entre eux s'arrête. C'est bien le seul avantage d'être blanc: les taxis te spottent de loin! Il faut ensuite négocier son prix pour le voyage. Au début, c'est intimidant, mais j'ai peu à peu pris grand plaisir à négocier. Plus souvent qu'autrement, malgré ma négociation, je sais que je paie plus cher qu'un sénégalais, mais je réussis tout de même à réduire de moitité au minimum le prix qu'ils me proposaient à la base. Pour vous donner une idée, afin de me rendre à l'autre bout de la ville, je paie 2000 FCFA (4$). C'est un voyage équivalent à se rendre de Beauport à Ste-Foy, mettons. Chez nous, ça coûte plus de 30$, et ici, je suis insultée quand le chauffeur me donne 3500 FCFA (7$) comme prix de base! Je lui dis: eh! C'est un prix de toubab (étranger) ça! Ça fait longtemps que j'habite à Dakar, je sais qu'on ne paie pas plus que 1500 FCFA pour le même trajet!!! Le chauffeur de taxi fini par rire et me dire d'embarquer à 2000 FCFA. Et je lui dis toujours: c'est bien parce que t'es gentil, mais je sais qu'un sénégalais aurait payé 1500! Hahaha!

    Je me dois ensuite de vous parler de l'état des voitures. On a toujours l'impression qu'elles ont fait la guerre. On peut rarement ouvrir la porte de l'intérieur, le chauffeur doit sortir pour nous l'ouvrir, on se trouve chanceux lorsqu'il y a une poignée pour ouvrir la fenêtre et je suis déjà embarquée dans un taxi dans lequel le chauffeur conduisait pratiquement couché à cause de l'état lamentable de son siège! Hahaha!! Heureusement, les voitures ne sont dans aucun état pour conduire rapidement. De plus, tous les compteurs de kilométrage ne fonctionnent pas, on a donc aucune idée d'à quelle vitesse ils roulent. Je sais par contre que ce n'est pas vite, parce que l'autre jour, j'étais dans une voiture où le compteur fonctionnait, et le chauffeur roulait à 90 km / h et je suis devenue vraiment stressée parce que c'est le plus vite que j'avais roulé jusqu'à présent sur une route sénégalaise! Je vais faire le saut en revenant chez nous! ;)

    Enfin, les taxis ne sont pas les seuls moyens de transport un peu douteux. J'ai eu la chance d'aller à l'autre bout du pays la semaine dernière. Voici le résumé de mes aventures dans le transport sénégalais!

    Transport de Dakar à Tambacounda:

    Tamba étant presqu’à la frontière du Mali, c’est un long voyage qui nous attendait. En effet, le trajet entre Dakar et Tambacounda comptabilise un total de 476 km. Bon, cela ne vous semble pas si pire, au Québec? Je suis bien d’accord. Chez nous, 476 km se font en environ 5h de route. Au Sénégal, c’est une autre histoire. Afin de traverser le pays d’ouest en est comme nous l’avons fait, il faut compter au moins 10h… Et que dire du moyen de transport qu’on a choisi, croyant que ce serait plus confortable? Nous avons eu la « bonne » idée de partir en 7-places. Un 7-places consiste grosso-modo en un station wagon (vous savez, les anciennes voitures des années 70-80 qui ont les côtés faites en bois). Bon, c’est un station wagon dans lequel on a ajouté un siège pour trois personnes dans le coffre… Vous vous imaginez? Bref, ça donne quelque chose comme 2 places en avant, comme d’habitude, puis trois places au centre, et trois places dans le coffre… plus un espace de coffre. En gros, ça veut dire zéro espace, et très peu de confort, surtout si tu es assis sur un des côtés dans le dernier banc. Pourquoi? Parce que ça veut dire que tu ne peux pas déplier ton corps au complet, puisque ta tête dépasse de beaucoup le toit. Tu es donc recroquevillé tout le long du trajet. Ça peut aller pour un court trajet d’une ou deux heures, voir trois… mais 10 heures? Vous voyez où je veux en venir... J’avais la « chance » d’avoir l’une de ces deux places au fond… Et en plus, je m’étais réveillée le matin avec un gros nœud entre les omoplates. Je vous assure qu’à notre arrivée à Tambacounda, je vivais le plus gros mal de dos que j’avais eu de toute mon existence. J’en avais même le souffle coupé. J’étais tellement fatiguée que je n’avais pas faim pour le souper… C’est pour dire! Mais bon, une bonne nuit de sommeil et pas mal d’advils plus tard, je me suis réveillée en meilleure forme, prête à accomplir les activités prévues à la Maison VAF de Tambacounda.

    Pour la deuxième partie du voyage, nous devions à la base nous rendre à Thiadiaye, où il y a une autre MVAF, afin de présenter le plan stratégique et de donner la formation sur le plan d’action annuel. Cependant, il y a eu un cas de force majeure au village de Thiadiaye : un décès. Les femmes n’ont donc pas pu nous recevoir. Nous avons dû changer notre itinéraire à la dernière minute pour finalement nous décider à nous rendre à Foundiougne, qui est dans la région du Sine Saloum. J’en étais très heureuse car j’ai déjà visité le Sine Saloum et c’est ma région préférée sur Sénégal. La seule contrainte de Foundiougne c’est que c’est une ville enclavée. Elle est située sur une île et il y a un bateau qui se rend seulement quelques fois par jour. De plus, comme nous partions de Tambacounda, qui je le rappelle est à l’extrême est du pays, il n’y avait pas de trajet direct. Nous avons donc pris un 7-places (cette fois, je n’étais pas assise au fond en arrière) jusqu’à Kaolack, trajet qui a duré un joyeux 5h pour 250 km! Nous avons ensuite pris un autre 7-places de Kaolack à Fatick, située à 50 km. De Fatick nous avons pris un car bondé pour nous rendre au « bac » le bateau qui nous traverse jusqu’à Foundiougne. Enfin arrivées à l’hôtel Baobab sur Terre, je me suis reposée sous mon moustiquaire en savourant l’air salin de la région. J'étais très fatiguée parce que nous avions quitté Tambacounda à 7h am, pour arriver à Foundiougne à 16h passées! Encore une journée de transport intéressante au Sénégal!! J’ai eu la chance de voir une famille de petits singes traverser la route devant nous. Peu importe l’inconfort des 7-places, la longueur du trajet ou l’état des routes, et les voitures qui donnent l’impression d’avoir vécu la guerre, pour de petits moments comme ça, où l’on peut observer la faune et la flore sénégalaise à l’état naturel, tout le reste vaut la peine d’être vécu!

    La dernière étape de mon périple "tranportaire" a été de revenir de Foundiougne à Dakar. Il y a un "car" qui se rend directement. Je vous invite à imaginer un autobus voyageur québécois. Rapetissez grandement l'espace entre vos genoux et le siège devant vous, et ajoutez des bancs amovibles dans les allées et vous avez un "car" sénégalais! C'est tout de même plus confortable qu'un 7-places, mais ce n'est pas comparable à nos bus voyageurs!

    Bref, de nombreux fou rire et souvenirs sont associés aux moyens de transports disons "originaux" du Sénégal. Malgré les maux de dos, l'impression que la voiture va tomber en ruine durant la trajet et les chauffeurs de taxis qui n'ont parfois aucune idée d'où ils vont, je pense que ça va me manquer. Les gens qui sont venus au Sénégal vont pouvoir vous le dire: il n'y a rien comme une bonne histoire de taxi!

     

    ...

     

    J'ai commencé ce blog sur mes aventures sénégalais avec un article écrit 7 jours avant mon départ pour le Sénégal. Aujourd'hui, il me reste 8 jours avant mon départ pour le Québec. Je n'ai jamais vécu une aventure aussi intense. J'ai hâte de revenir chez nous, de retrouver les miens et de manger des repas comportant une dose acceptable de légumes frais. Mais le Sénégal m'a changée. J'apprécie beaucoup ma chance de vivre dans un pays qui me permet de me développer. J'apprécie ma famille et mes amis qui me permettent et m'encouragent à rêver tous mes rêves et à en réaliser plusieurs. J'apprécie de pouvoir voter afin de déloger un gouvernement qui me fait chier. J'apprécie de pouvoir aller à l'école aussi longtemps que je le veux, et de pouvoir étudier dans n'importe quel domaine. J'apprécie l'eau potable qui coule du robinet, et j'apprécie le fait de ne pas devoir laver mes légumes avec de l'eau de javel avant de les manger. J'apprécie qu'il pleuve de manière pas trop exagérée chez nous, et j'apprécie d'avoir une maison étanche et un bon système d'irrigation dans nos rues. J'apprécie le fait qu'on recycle et qu'on composte.

    J'aimerais qu'on gaspille moins d'argent. Qu'il y ait moins de corruption et plus d'investissements dans la santé, l'éducation et la culture. L'économie ne doit pas être une fin, mais bien un moyen d'accéder à une socitété meilleure (Merci Papa pour cette merveilleuse réflexion). Malgré que je suis témoin de la pauvreté ici, et que j'ai conscience de la chance qu'on a de vivre dans notre société québécoise, je n'ai pas perdu la faculté de m'indigner. Ce n'est pas parce que ça va mal au Sénégal qu'il n'y a rien à améliorer au Québec! Je suis devenue plus consciente de ce qui est important pour moi ici. J'ai toujours cru au développement. Je pense que le développement passe par la mise en valeur de notre culture, de l'éducation et de la santé. Soyons fiers de ce que nous pouvons faire. Arrêtons d'être apathiques et surtout, CROYONS AU CHANGEMENT!!! Inch'Allah!


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  • "Quand tu ne sais plus où tu vas, retourne toi et regarde d'où tu viens"

    -Proverbe africain

    Drôle comme le temps peut être flexible. Il me semble qu’hier, j’écrivais mon léger découragement face aux 45 jours restant à mon séjour en terre de la Teranga, et qu’aujourd’hui, il ne me reste qu’un peu plus de 2 semaines! C’est honnêtement l’été qui a passé le plus rapidement de mon existence. Oui, cela n’a pas toujours été facile ou simple, mais je pense que le fait d’être perpétuellement en train de découvrir (que ce soit par mes papilles gustatives goûtant le thieboudienne ou le yassa poulet, les délires olfactifs offerts par les rues d’Amitié 2, mon quartier, ou bien la chaleur et l’hospitalité de ma terre d’accueil) y est pour quelque chose. Un clash des cultures aussi intense était une première pour moi, et j’ai pris beaucoup de plaisir à m’adapter ce pays, et ce mode de vie, aussi attachant. Les gérants du dépanneur du coin qui veulent te sortir de ta très mince (tutti rek – un peu seulement) connaissance du wolof, les gardiens qui te saluent et te demandent comment vont la santé et la famille quand tu passes devant eux à tous les jours, les collègues de travail qui dansent de joie de te voir rentrer travailler habillée avec du wax africain ou un boubou sénégalais, les amies qui t’accueillent chez elles, cuisinent avec leur maman ton plat sénégalais préféré et te traitent comme une sœur, les filles qui viennent faire le ménage qui discutent avec toi en anglais avec leur joli accent gambien, la propriétaire de ton logement, qui de loin peu sembler très autoritaire mais qui, dans les faits, est un vraie mama sénégalaise très prévoyante (quand on rentre de week-end, on a toujours un bon plat sénégalais qui nous attend sur la table, parce qu’elle sait qu’on n’aurait pas envie de cuisiner!)…. Toutes ces douceurs ont fait en sorte que je me suis adaptée tranquillement et avec beaucoup de plaisir. Teranga veut dire hospitalité, et c’est la devise et la fierté des sénégalais. On nous dit dès qu’on arrive : Bienvenue sur la terre de la Teranga. On ne comprend pas tout de suite, jusqu’à ce qu’on soit complètement immergés dans la merveilleuse hospitalité des sénégalais.

    Comme je le disais plus tôt, ce n’est pas toujours facile d’être expatrié. Je lisais ce matin qu ‘« il y a des musiques, des chants, des plats qui vous rappellent soudain votre condition d’exilé, soit parce qu’ils sont trop proches de vos origines, soit parce qu’ils en sont trop éloignés » (Fatou Diome, Le ventre de l’Atlantique). Aussi délectable que ce soit de découvrir une nouvelle culture, ça rend parfois aussi très nostalgique de notre lieu de naissance. Ciel, on dirait que je suis une poète africaine maintenant, ça paraît que je lis beaucoup de littérature africaine hahahaha!!! Bref, c’est intéressant de voyager seule. Cela permet de faire de superbes rencontres, de forger des amitiés solides, de passer du temps à la découverte de soi, bla bla bla… Mais il faut dire que parfois, certains soirs, ça pèse de ne pas être avec quelqu’un qui nous connais comme le fond de sa poche. De ne pouvoir me blottir sous une couverture avec mon chum pour écouter un film et le critiquer parce qu’il mange trop de bonbons me fait un trou, me fait un trou, juste là. Juste de boire un verre de vin en compagnie de mes meilleurs amis qui me connaissent mieux que moi-même, à qui je n’ai besoin de rien expliquer est quelque chose qui me manque beaucoup. De rire aux larmes avec mes parents pour des raisons obscures à distance me frustre un peu. Bizarrement, c’est surtout le soir, quand j’enfile mon pyjama que j’ai le plus le mal du pays. Ma mère m’a même composé une chanson sur le sujet, chanson qui fût la cause de plusieurs fous rires entre nous sur skype! En voici quelques vers :

    Homesick pyjamas,

    I'm tired of eating bananas,

    Africa is pretty but,

    I am always so sweaty.

    I like to wear a Boubou,

    But tuques and wool socks

    Are okay with me too,

    Can't wait to go back to Canada

    To see my Dad and Mama...

    - Rosemarie Fischer, dans un e-mail à sa fille, 25 juillet 2012

    On comprend mieux pourquoi je ricane à tout bout de champs! Hahaha! Je ne retiens pas des murs!

    Ce qui est intéressant d’une expérience comme celle que je vis présentement, c’est qu’elle est très très contradictoire et assez déchirante. Autant que je peux faire tellement d’éloges sur la culture sénégalaise, sur lateranga incomparable, sur la nourriture mangée dans le même plat, sur les couleurs incroyables des habits et la gentillesse de tout le monde, autant que certaines choses simples me font être très frustrée pour les gens qui vivent ici à long terme. Par exemple, toute la maison où je vis, et particulièrement un coin de mon appartement, a toujours des dégâts d’eau quand il pleut… et il pleut presqu’à tous les jours! Il y a de longues coupures d’électricités dites pour « économiser » l’énergie par le gouvernement sénégalais…. Mais une coupure de 14h, un moment donné, ça fait!! C’est sans compter aussi les inondations qui paralysent les quartiers en périphérie de Dakar, et qui transmettent les maladies à une vitesse folle… C’est les hauts et les bas d’un pays en voie de développement. Ça me rappelle toujours pourquoi je fais développement international mais ça m’apprend aussi à choisir mes batailles…

    Enfin, dans les dernières semaines, ça a été plutôt tranquille côté travail. Je révisais le plan stratégique, préparais une formation, mais c’est tout. Le ramadan a ralenti tout le pays, et mon homologue de stage était très occupé. Nous essayions d’organiser aussi ma visite dans les Maisons VAF à l’intérieur du pays, et ce fût tout un défi de rassembler les femmes et d’organiser un budget qui serait approuvé par le CECI. Les dates des visites ont changé à de nombreuses reprises, et pour simplifier le tout, mon disque dur a décidé de sauter et j’ai perdu toutes les informations dans mon ordinateur. Heureusement, j’avais envoyé le plan stratégique par courriel à plusieurs personnes, donc ce dernier n’était pas perdu, mais tout le chemin et le travail qui a mené au plan stratégique est disparu. C’est sans compter toutes mes photos de voyages, tous mes travaux universitaires, etc. Je ne pensais pas accorder autant d’importance à mes données jusqu’à ce que je les perde, bien entendu. Mais bon, «you live and learn » comme dit ma mère, et je me suis dit qu’il n’y avait pas mort d’homme, et que tant que j’aurai de la mémoire, mes souvenirs vont toujours rester, eux. Nous avons finalement pu fixer les dates de ma visite, et je pars demain à 6am pour 6 jours, loin, très loin à l’intérieur du pays, à Tambacounda (où on m’a avertie à de nombreuses reprises que j’allais avoir TRÈS chaud), et à Thiadiaye. J’ai bien hâte de vivre tout ça (un peu moins pour la chaleur, mais bon.. ça fait partie de la game!)

    J’ai eu la chance de visiter Toubab Diallaw, une petite ville sur la côte de l’Atlantique où nous sommes restées à un hôtel qui se nomme Sobe Babè. C’est un endroit absolument paradisiaque, avec de belles plages et une architecture presque Gaudienne. De plus, l’Espace Sobo Badè est un endroit éco-responsable qui utilise des produits locaux et écologiques pour faire tout, de la cuisine au ménage. Leur restaurant sert de la très bonne nourriture, et il me faisait bien plaisir de lire que le poulet est local et nourri au grain, que le pain est fait de céréales locales sans pesticides, etc. Quel merveilleux week-end de relaxation, de mojitos, de plage et de cours de yoga! Ça a fait beaucoup de bien, et en plus, j’étais en très bonne compagnie, avec mes amies Maude, Élizabeth et Jamie.

    Bref, j’ai hâte de revenir à la maison, retrouver mon chum, mes amis et ma famille, une température légèrement plus fraîche et une maison étanche. Mais le Sénégal m’a marquée, et je me rappellerai toujours de la chaleur des gens et de leur légendaire teranga!


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  • C'est l'homme qui est le remède de l'homme.

    - Proverbe Sénégalais

    Si j'avais lu ce proverbe la semaine dernière, alors que je ressentais beaucoup mon mi-mandat, je crois que je me serais sentie mieux plus rapidement. En effet, je pense que l'homme est le remède de l'homme, et dans mon cas, mon amoureux et ma soeur ont été mon remède! On peut dire que malgré la technologie, on se sent très loin quand même, dans le sens où on ne peut pas réellement serrer la personne à l'autre bout de l'écran dans nos bras, mais reste quand même qu'on voit leurs sourires et qu'on entend leurs voix réconfortantes. Après une longue conversation avec ma chère soeur et mon amoureux, j'étais prête à nouveau à affronter les 6 semaines qui restaient. D'ailleurs, il me reste présentement seulement 5 semaines, et je ne sais pas comment je vais faire pour accomplir toutes les choses que je veux faire!

    En effet, il me reste 5 semaines au Sénégal, et je dois aller présenter le plan stratégique de la CNVAF à Tambacounda et à Foundiougne, je vais à Toubab Dialaw la fin de semaine du 10, je veux visiter Saint-Louis et la réserve de Bandia, et je dois aussi présenter le plan stratégique à tous les membres de la CNVAF et enfin, si j'ai encore du temps, aller à l'Île à Morphil... Bref, je suis dans le jus! On verra donc si je réussirai à cocher toutes ces choses de sur ma liste!

    Pour ce qui est de ce que j'ai fait dans les derniers jours, je dois avouer que ça a été plutôt tranquille. En ce qui concerne le travail, comme nous avons terminé les ateliers de planification stratégique, il ne me restait qu'à mettre bout à bout et de façon cohérente les éléments ressortis des ateliers. Cela a été une tâche plutôt simple, considérant que je mettais le fruit de chaque activité au propre au fur et à mesure. Ce qui a été plus complexe est de faire l'analyse du cadre logique. C'est une activité qui demande beaucoup de précision. J'ai travaillé dessus pendant 3 jours avant d'arriver au résultat final. Il doit être encore paufiné, mais je suis très fière du résultat.

    Avec mon homologue, nous avons également élaboré un budget pour les prochaines activités. Je dois aller présenter le plan stratégique complété dans 2 Maison VAF à l'intérieur du pays. Nous allons visiter la MVAF de Tambacounda, qui est littéralement à l'autre bout du pays (10 de route), et également à Foudiougne, qui est à environs 4h de route de Dakar. Je serai accompagnée de Fatou Leye, l'Animatrice Genre de la CNVAF. Ces visites auront lieu dans les 2 ou 3 prochaines semaines au maximum, et cela risque d'être fort intéressant! J'ai bien hâte de partir faire ma vraie immersion terrain!

    Enfin, j'ai décidé de vivre le tout pour le tout, et je me suis fait tresser les cheveux cette semaine! C'est une sensation fort intéressante... Les tresses sont extrèmement serrées les unes aux autres, surtout celles qui sont collées sur la tête. Je comprend maintenant pourquoi les sénégalaises n'ont pas de rides! Ma coiffeuse m'a même dit que les jours où elles ont des évènement spéciaux, certaines sénégalaises se font tresser la journée même afin d'avoir les traits bien tirés!!! Pour ma part, j'ai senti mon coeur battre dans mon cuir chevelu pendant 24h, puis je me suis habituée. Les tresses me font bien, et même si le fait de me gratter le crâne quand je veux me manque, la réaction des sénégalais fait tellement chaud au coeur que je me dis que ça en vaut vraiment la peine! Les gens ADORENT mon look, et ils sont tellement contents que j'aie décidé de faire des tresses à l'Africaine que j'en oublie mon coeur qui bat dans mes cheveux! Normalement, sur une Africaine, des tresses du genre durent 1 mois et parfois même plus, mais dans mon cas, ma coiffeuse m'a dit qu'elle se disait que ça allait durer 10 jours peut-être. Moi je vise 2 semaines... les paris sont ouverts? 5$ si elles durent 2 semaines, 10$ si MOI je dure deux semaines avec mes tresses! hahahaha! À suivre...

    Je pense que j'ai une belle petite routine d'installée ici. Je connais presque tout le monde dans mon quartier, on m'accueille en me saluant par mon nom au supermarché, et les proprios des restaurants avoisinnants commencent à bien me connaître. Oui, je m'ennuie toujours de ma famille, mon chum et mes amis, du Sacrilège, du Senor Sombrero et du Billig, mais je pense que quand je vais revenir à Québec, je serai nostalgique de Maude, Élizabeth, Lyne, Anne, Aïda et la famille Herd-Carlier,  de mes collègues de la CNVAF, du resto Suisse l'Oasis et des blagues un peu drôle de son propriétaire Olivier, des mojitos plus souvent qu'autrement sans menthe du Maquis des Allées, et de l'accueil chaleureux du personnel du supermarché Citydia. Dakar, t'es pas Québec, mais t'as une place toute spéciale dans mon coeur!


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  • Même ceux qui aspirent à servir des intérêts plus grands et qui se sont établis dans des régions lointaines ont un seul lieu de naissance

    - Nelson Mandela

    Mi-Mandat. 48 jours en terre sénégalaise. 45 jours restant. Le temps passe très vite et très lentement à la fois. J'ai l'impression d'avoir vécu 30 vies en 48 jours, et d'un autre côté, mon rapatriement au pays me semble encore bien bien loin. Mais bon, j'ai beaucoup de choses à faire d'ici là, beaucoup de choses à voir et énormément de nourriture à goûter donc ça devrait passer vite! Je pense que la moitié d'un séjour est l'une des parties les plus difficiles parce qu'il reste autant de temps devant que derrière. J'ai le mal du pays, de mon amoureux, de mes parents, de mes amis dernièrement. Je m'ennuie de ma routine, aussi bizarre que cela puisse paraître. Bien que j'aie rencontré des personnes exceptionnelles ici et que je sais que j'ai tissé des amitiées serrées et uniques, d'être avec des gens qui me connaissent comme le fond de leur poche me manque. Ça rassure ma maman qui avait bien peur que je ne veuille plus revenir, mais ça m'empêche d'apprécier pleinement les minutes qui passent. Je sais que ça va passer et que bientôt, j'aurai tellement de choses à faire au travail que j'aurai de la difficulté à garder le rythme, et qu'en plus, j'aurai bientôt à faire le tour du pays pour présenter le plan stratégique, ce qui devrait être éblouissant et TRÈS TRÈS CHAUD, hahaha, mais pour le moment, je suis un peu nostalgique. Mais bon, rien qui m'empêche de fontionner ou de vivre intensément l'aventure exceptionnelle qui m'arrive.

    La semaine dernière, nous avons terminé le 2e bloc d'ateliers de planification stratégique que j'animais afin d'élaborer de façon participative le plan de 2012-2016. En plus des même personnes qui avaient participé aux ateliers du 1er bloc, il y avait les 4 présidentes des Maisons VAF. C'est donc avec un comité national que nous avons établit les points les plus importants du plan stratégique soit l'objectif général, spécifique et les points stratégiques. Nous avons également fait l'analyse des parties prenantes.

    Les activités se sont bien passées et nous sommes arrivés aux résultats suivants:

    Objectif Général: d'ici 2016, les inégalités entre les femmes et les hommes seront réduites de 25%

    Objectif Spécifique: d'ici 2016, 12% des femmes et des jeunes filles sénégalaises sont autonomes économiquement et socialement par la valorisation et la crédibilisation de leurs activités. Un total de 795 600 femmes et jeunes filles sont valorisées.

    Axes stratégiques d'intervention: 

    1- Professionnalisation et certification des compétences

    2- Plaidoyer et Animation sur l'Égalité Femmes-Hommes

    3- Commercialisation des produits CNVAF

    4- Recherche de financement et amélioration de la visibilité

    Nous avons également établit les activités en lien avec ces axes d'intervention stratégique. Il ne reste qu'à élaborer le cadre logique ainsi qu'un système de suivi et d'évaluation du plan stratégique et ce dernier sera complété!

    Après le dernier atelier samedi dernier, la présidente de la CNVAF, Mme Yacine Diagne, a tenu à ce que chaque personne présente face un commentaire sur leur appréciation des ateliers et de ma performance comme animatrice. Ce fût bien touchant d'entendre les bons commentaires de tous les participants sur ma performance en tant qu'animatrice d'atelier et leur foi en leur compréhension du plan stratégique et que ce dernier allait permettre à la CNVAF de redevenir une organisation forte et précurseure de changements sociaux. Bien qu'il reste encore beaucoup de pain sur la planche avant de rendre le document final du plan stratégique, c'est très motivant d'entendre de si bons commentaires. Je suis vraiment heureuse et le fait de travailler avec des personnes aussi inspirantes et dévouées envers leur cause (je tiens à préciser que la dernière journée d'ateliers a eu lieu le premier jour du ramadan tout de même) me pousse à me dépasser et à croire que tout est possible!

    Parlant du ramadan, c'est vraiment fascinant de constater à quel point la ville change durant le carème. De bouillonante d'activités, pleine de bruits et d'odeurs diverse, Dakar est devenue très tranquille pendant le jour, et surtout pendant la rupture du ramadan, quand tout le monde rentre manger. Les gens jeûnent de 5am à 19h, et tentent de vaquer à leurs occupations régulières sans interruption particulière. Moi, qui au bout de 2h sans manger meurt littéralement de faim, j'admire particulièrement les hommes qui travaillent en construction, au soleil, sans manger ni BOIRE de la journée.... Impressionnant tout de même! Et tous les autres qui travaillent sans arrêt alors qu'ils ont le ventre vide démontrent une force d'esprit et physique tout à fait unique. Et ce, pendant 1 mois!!!!!! Je suis sans mots devant leur volonté. Je peux vous assurer cependant que vers 18h, au supermarché, c'est BONDÉ de monde! Je décide donc d'y aller plus tôt maintenant! hahaha!!

    Enfin, je continue mes aventures le week-end. D'ailleurs, dimanche dernier, je suis allée au Village des Tortues et au Lac Rose avec mon amie Anne et son groupe de Séminaristes, dont je vous ai déjà parlé il me semble. J'ai donc eu la chance de voyager gratuitement dans leur bus et de sauver un joli montant de 50$ qu'aurait normalement coûté le taxi pour se rendre. Merci Anne! Le Lac Rose est rose à cause des micro-organismes qui tentent de lutter pour survivre au sel dans l'eau. Le Lac Rose contient 380 grammes de sel par litre d'eau, ce qui est une énorme quantité de sel si on la compare à la mer qui en contient environs 30 à 40 grammes par litre. Bref, on flotte sur le Lac Rose comme sur la mer morte! L'eau est plus rose par temps venteux et ensoleillé, et quand nous sommes allés, il faisait soleil mais ventait peu. Le Lac était tout de même rose et ce fût fort agréable de le visiter. Le sel est exploité dans le Lac depuis les années 1970. Les hommes grattent le fond du lac et remplissent des pirogues de sel, et les femmes récupèrent le sel, le font sécher et le nettoient sur les berges. Ce sel est vendu à l'international surtout pour déglacer nos rues en hiver! Tous ceux qui travaillent dans le sel se couvrent le corps de beurre de Karité, parce que une si grande quantité de sel dans l'eau est nocive. Dans les faits, il ne faut pas rester plus de 10 minutes dans l'eau sinon, la peau brûle après!

    Bref, malgré mon léger mal du pays présentement, je vis toujours des aventures fabuleuses dans un pays magnifique, avec des amis super cools!

    Mon wolof est toujours au même stade, ce qui veut dire presque nul, mais je réussis à saluer les gens en wolof, ce qui est l'essentiel. Donc je vais tenter, avec l'aide de mon cher ami google, tout de même, de vous souhaiter bonne journée!

    Mangui Dem! Ba bennen Inch'Allah!

    Traduction simultanée: Au revoir! À bientôt, si Dieu le veut!! hihi! On aura compris que le Sénégal est un pays très religieux!! ;)


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